Dévoiler l’exil ? — Commencer tout de suite par ce constat : l’exil se définit d’abord comme une expulsion hors de sa patrie, avec défense d'y revenir. L’expatrié est dit en situation d’exil. La terre où séjourne la personne expulsée s’appelle aussi l’exil. Ainsi, Victor Hugo, le plus discoureur de tous les exilés politiques, concédait avec ironie que « s'il y avait de beaux exils, Jersey serait un exil charmant ». L’exilé est « hors de sa patrie » ! Si l’on admet sans hésitation que la première langue est toujours langue maternelle, vous reconnaitrez, sans peine, que l’espace de terre possédé par les quelques-uns d’où l’exilé est banni, expatrié ou proscrit, est presque toujours la terre des pères… une patrie. Car la terre appartient aux pères et le mot « patrie » désigne étymologiquement, le « pays des pères ». Le mot « matrie » n’existe pas ! Ou si peu ! Les dictionnaires l’ignorent et certains prétendent qu’il n’est qu’un concentré de mère-patrie ! On le trouverait chez Jean Bodin, philosophe du XVIe siècle et, au milieu du XIXe, l’Académie française précisait que, selon Plutarque, on devrait substituer ce nom « à celui de Patrie, parce que les attributs de la terre natale tiennent plus de ceux de la mère que de ceux du père. Il a été employé par quelques écrivains français, qui ont répété cette remarque. Cela a-t-il changé quelque chose ?
17 décembre 2020