Langue d’effleurée
Ma langue de fleurs et de salams
Comme je t’emparle d’encenser ma vie
Si tu savais comme ça m’oblijure
Il le faut que je l’écriparle
Il le faut bien
Sinon à quoi bon l’arbre aux palabres
Et la forêt aux mille de sang neuf essences
Avec ses ginkgos à cent écus de terre
Et mon chêne aux six cents glands
Et toutes les alphabétudes de la retombée
Ô ma langue de fleurs et de salams
J’enrespire et t’en redemande
Ça aussi il faut bien que je l’écriparle à la vie
Toutes tes parfumeuses férocités
L’appel de tes mots
Plus poétiques encore que toutes les absentureuses
De tous les bouquets
Des cueillis et des fantasmâtés
Des chairs tristes détristurées
Et des marines trop pistilées
Et si malarmées
J’en ai radoubé
Les voiliers éroticornes
J’ai même et bien pensantes
Des incomplétudes fanées de courbatures
C’est dire s’il le faut
Alors va
Je t’en redonne de ce très doux salut
Pourtour éther jour éternelle
Ma langue de fleurs et de soleils
Je te m’escrime d’estoc et de taille en mes verbes fleurets
Qu’à toi seule j’inaugure
Jusqu’au trémail de douze Moi
Car je suis douze ou treize parfois tant le vocabulaire me multiplie
Par quoi sabreur inlassable
De par mes lames mes larmes et mes alarmes
J’ai vu carnâme sans trêve
Comme je t’emparle d’être à ma vie
De tous les confins de la béatitude
J’embarquerole l’égreneuse quotidienneté
Et de ce jour depuis premier jamais ne me lasse éristique
M’amour si fleurs de toi et père et gagne
J’essayure en mon tour
Perdu mieux que « je » de hasard
D’écriturienne rage villonne
J’essayure oui d’entracer la fièvre
Et que tu m’enlaces d’âme
Les paroliers parolisternent le sidéral
Et moi dire
Dire moi ce qui jamais ne fut dit d’aucune femme
Enchanteur des lassitudes
Telle est m’envol et ma tâcheuse muse
Ni andante ni caspienne ni chiffonne
Mais musique intramondaine
Et surtout Muse ancienne et qui traverse le temps
Et je ne crains pas la jalousie de Béatrice
Je la quête des deux mains offertes dans l’enfer du présent
Alors voici le bouquet promis
Ma mystérieuse
À fleurs de provocaille
Et rocailleuse
Je te l’offrande
Ma floris latine ma protectrice
Ma couleur de narien
Aux entours des orgaducteurs le repronom est pourbouquet
L’artificielle t’a désertée
Et c’est ainsi que je t’aime et t’endésire
Ma libre Dame
De par ton âme libre
D’intuifleur je t’ai sentie t’intuifleurer
Plus rhétoriqueur des sensitifs
Que d’aucunes des styles à fleur d’âge fleur
Tu me fragrances de tes cumes
Terre mer et cardinales vestales
Persévoqueuse de beauté de parfums d’eau séductile
D’ingénue fragilimée
T’arrives pareil
Et tu me rimes et m’arrimes
Rime ciel des voies lactées qu’étoiles fleuronnes
Comme orchideuse tu fais fleur de rareté
Parce que tu t’effleures d’être l’Être
L’être que j’aime et qui me donne à être
L’inattendu cadeau de complétude
Couvrant le masque et le manque jusqu’à l’éloge
Je te célèbre
Ma Ternelle d’innovance et d’innocence
Ma louangeuse épanouie
En toute ta virginale faridole
Fine ophrys des blés de mer
L’océan est ton moulin
Et sous tes rochers à fleur d’eau à fleur de peau
Les jusants de ton ventre doux
Bercent mon âme au berceau de la tienne
Lorsque ton âmelune à nocte meurt
Tu choisis de devenir mon hôte
C’est encore tout toi
Qui m’allèches et me charmes et m’invites
Inflorescente ou tardive
Comme saison de nature les nerfs épidermiques
Et sur le littoral de nos emmêlures
Au peigne de nos solitudes nous fusionnons
L’étonnement des alliances
Une symbiose d’amour
C’est tantôt toi temporelle
Fleurdelisée
Plus bellutée des plus bleutées de nuit
Plussement de fleur que la fleur plume
Tantôt par ailleurs sentimentale des romanesques
Ma fleur frayeur de coin et de recoin
Et la magie de tes je t’aime d’essoufflements
Toi dont chaque frappe éclôt sa justesse de cœur
À corps de corps à fleurage des fêlures
À furie des futurailles papillonnes
Ma pédonculeuse érectitude
Je te sens bractée dès l’abord
Alors je te l’écriparle
Enchanteuse enchanteresse
De tout ce peu que je dérogêtre
Si ferme
Ma bourgeonne printanne
Ma saisonnière des saisons florales
Je m’attarde au périanthe pour la prière
Et lève les calices petits et grands
Jusqu’au raisin rouge de tes vignes sépales
Tu me révèles goulu du bouton floral et de la treille
Alors j’offertoire mille baisers de délicatesse à ta corolle
La butine d’amoureuse quête empétalée
Et vagabonde en tes arcs de ciels joyeux
J’androcéphale tes prairies jusqu’au pollen
Nourris ton désir d’embrassades
J’empistile à ta demande et recompte toutes tes fleurettes
En inventure
Patiemment
Rencontre enfin tes abandons et tes soupirs
Les doux aveux de tes je t’aime
Et raconte encore d’autres bouquets à rendre jaloux les horticultureurs
Et pour ton style et tes stigmates d’odereuses
Ecce mes mots sur la rose croix du temps
Couronnée de toi
Enchasté d’amour je suis le feu de tes Vestales
Je suis ton fleuriste sauvage
Et je te s’aime en aval de tes amonts
Étalon d’épines de vie
Quelque pollen à nos anthèrements
De quoi garnir un brasier d’ovules
Et la cendre de nos ébats
Et rien d’absent jamais
Que l’éternité
Du dehors
Cette plénitude d’amour absolu
Ma Dérobée.
Gérard Fronty